Le 25 octobre 2025, le jardin des Orioles s’est réveillé sous un ciel d’automne typiquement montréalais : un voile gris diffus, traversé par instants par quelques éclats de lumière. La première vraie fraîcheur de la saison mordait les doigts, mais n’a pas empêché le jardin de s’animer dès les premières arrivées.

Ce matin-là, le jardin a accueilli un mélange harmonieux de participants du programme Je Cultive Mon Avenir, de membres du Groupe Pro-Vert et d’habitants du quartier venus, par curiosité ou par plaisir, prêter main-forte à une activité à la fois simple et essentielle : la plantation d’ail. Dans les allées tapissées de feuilles rousses, les pas se mêlaient au bruit discret du vent, créant une ambiance douce et presque solennelle, comme si la nature elle-même invitait à la transmission.

Autour des bacs, les gestes ont commencé à s’accorder naturellement : ouvrir la terre, y glisser une gousse, refermer délicatement, puis couvrir légèrement de feuilles pour protéger du froid. Mais très vite, l’activité est devenue bien plus que technique. Les discussions ont pris place spontanément : rires, souvenirs, anecdotes de jardinage, conseils glanés au fil de la vie. Chacun semblait avoir quelque chose à transmettre, quelque chose à apprendre, quelque chose à offrir.

L’un des moments forts de cette matinée est venu d’une participante du programme, passionnée d’agriculture. Avec enthousiasme, elle a montré aux membres de la communauté les gestes justes, comment bien positionner l’ail, ou encore comment reconnaître une carotte prête à être récoltée. Son aisance, sa joie de transmettre, sa façon d’expliquer simplement et avec bienveillance ont attiré les curieux. Plusieurs se sont regroupés autour d’elle, posant des questions, partageant leurs propres pratiques, échangeant des sourires. En quelques minutes, elle était devenue un véritable point de rencontre : un exemple concret de la manière dont le programme met en lumière les talents, les passions et les compétences de chacun.

Ce type d’activité incarne parfaitement l’esprit de Pro-Vert : un environnement où la terre et les savoirs circulent librement, où l’on apprend ensemble, où l’on se retrouve autour d’un geste commun.

Le jardin des Orioles, ce matin-là, n’était pas seulement un espace de culture. Il était un lieu de vie, un espace où les générations, les parcours et les histoires se croisent et se répondent. Chaque gousse d’ail plantée devenait un symbole : celui d’une communauté qui prend soin d’elle-même, qui transmet, qui grandit.

Plus la matinée avançait, plus l’atmosphère se réchauffait malgré la fraîcheur. Les participants discutaient de leurs propres expériences horticoles, de leurs jardins d’enfance, de la manière dont la terre apaise, rassemble, redonne le sens du concret. Les feuilles craquaient sous les pas mais les voix, elles, s’envolaient facilement, avec cette douceur si particulière des moments où tout semble naturel et simple.

En clôturant l’activité, chacun semblait repartir avec quelque chose : un savoir de plus, une rencontre inattendue, l’envie de revenir. Peut-être aussi la certitude que des gestes modestes, répétés collectivement, peuvent transformer un espace autant qu’ils transforment une communauté.

Planter ensemble, c’est bien plus que jardiner. C’est planter des liens, tisser de la confiance, semer de la solidarité. C’est contribuer à faire grandir l’agriculture urbaine à Montréal, un geste à la fois, une rencontre à la fois. Et au jardin des Orioles, ce 25 octobre 2025, ces liens ont pris racine pour longtemps.